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Les écrans, pas si nuisibles pour les enfants

Une étude parue dans Nature vient rassurer les parents - et explique pourquoi ce débat reste si difficile à trancher.


A cause d'eux, les adolescents seraient immatures, anxieux et déprimés. Ils modifieraient la structure de leur cerveau, en amincissant leur cortex. Ils nuiraient aussi à la santé des plus petits, dégraderaient leur vue, troubleraient leur sommeil, causeraient des retards de développement et même des troubles apparentés à l'autisme. Ils ? Les écrans, bien sûr.


Télé, mais surtout ordinateurs, tablettes et smartphones, accusés ces dernières années de tous les maux. Y compris des plus farfelus - le lien entre écrans et autisme relevant définitivement de la fakenews, qu'aucune étude scientifique sérieuse n'est jusqu'ici venue corroborer. Mais il n'empêche : les parents s'inquiètent, et la question de savoir si nos petits, quel que soit leur âge, consacrent trop de temps au monde numérique est devenue un véritable sujet de société.


De nombreux paramètres à prendre en compte

En ce qui concerne les adolescents, une étude parue cette semaine dans la revue scientifique Nature Human Behaviour devrait calmer le débat - et ramener un peu de sérénité dans les familles. Deux chercheurs de l'université d'Oxford ont compilé les données de trois grandes enquêtes américaines et britanniques.

Dans ces études, les participants avaient été interrogés sur leur état de santé physique et mental et leur pratique du numérique, mais aussi de nombreuses autres variables : leur temps de sommeil, leurs pratiques sportives, culturelles ou religieuses, le fait de porter des lunettes, d'aller au cinéma ou de prendre un petit-déjeuner le matin, d'être victime de harcèlement scolaire, de consommer de l'alcool ou des drogues, leur poids, leur taille, leur consommation de légumes, etc. Bref, un vaste ensemble de paramètres destinés à appréhender le mieux possible tout ce qui peut, d'une façon ou d'une autre, faire partie du quotidien des jeunes.


Résultat ? Les auteurs de l'étude ont bien trouvé un effet négatif des écrans sur les adolescents. Mais il explique seulement 0,4% de la variation de leur sentiment de bien-être : un impact si faible qu'il a en réalité peu de signification. "Quand on examine ainsi de façon large les données, il devient évident que le poids démesuré accordé à la question du temps d'écran dans le débat public n'est pas mérité au regard des preuves scientifiques disponibles", notent les chercheurs. Assez logiquement, il ressort des trois enquêtes que la consommation de cannabis ou le harcèlement scolaire sont bien plus négatifs, tandis qu'au contraire, bien dormir améliore considérablement le sentiment de bien-être.


Pas de lien de cause à effet démontré

Plus étonnant, ce travail montre aussi que manger beaucoup de pommes de terre aurait un effet négatif équivalent à celui des écrans, ou encore que porter des lunettes serait très pénalisant. Et c'est sans doute là le point le plus intéressant, et la plus utile au débat public, comme le souligne un éditorial paru le même jour dans la revue Nature : "Il est impossible de tirer de conclusions définitives à partir de ce type de recherches, car elles reposent sur l'analyse d'associations, et non sur la compréhension de mécanismes causaux".


Ainsi, ces travaux ne permettent pas de dire si ce sont les écrans qui entraînent la (petite) diminution de bien-être constatée, ou si ce sont les enfants déjà en difficulté pour d'autres raisons qui deviennent davantage accros aux écrans. Avec le risque, en cas de mauvaise interprétation, de passer à côté des vrais problèmes.


Il en allait de même avec cette autre étude, particulièrement alarmiste, parue à la fin de l'année 2018, qui montrait "un amincissement accéléré du cortex chez les adolescents les plus exposés aux écrans". Ce travail, abondamment relayé, ne permettait pourtant pas de tirer de conclusions sur la réalité du lien de cause à effet entre ces deux constats. Car ce processus d'amincissement du cortex fait partie de l'évolution normale du cerveau adolescent.


Il se produit à un rythme propre à chacun, en lien avec une infinité de paramètres : patrimoine génétique, activité sportive et intellectuelle, alimentation, sociabilité... Difficile, dans ces conditions, d'isoler le rôle spécifique des écrans. D'autant plus que ceux-ci entraînent aussi des modifications de comportements (manque de sommeil, sédentarité), qui ont, en elles-mêmes, un effet sur le cerveau...


Du bon sens avant tout

Des incertitudes fortes dont, outre-Manche, le Collège royal des pédiatres et des spécialistes de la santé infantile vient de tirer les conclusions : face au manque de preuves scientifiques validées sur le danger des écrans pour les enfants - et ce quel que soit leur âge - ces experts ont annoncé qu'ils ne donneraient pas de recommandations sur un nombre d'heures maximal d'exposition par jour. Ils ont simplement rappelé qu'il fallait éteindre tous ces appareils au moins une heure avant d'aller dormir.


Et surtout, ils ont publié une série de questions pour aider les familles à décider ce qui était le mieux pour elles. Exemples : gardez-vous le contrôle sur le temps consacré aux écrans ? Pouvez-vous réaliser les activités que vous souhaitez avec votre famille ? Le temps de sommeil est-il préservé ? "Si vous répondez positivement à ces questions, et que vous êtes heureux, arrêtez de vous inquiéter. En revanche, si vous constatez des difficultés, peut-être que les écrans sont en cause", a indiqué un porte-parole du Collège à la chaîne de télévision BBC, tout en demandant que davantage de recherches soient menées à ce sujet.


Autrement dit, pas de dogmatisme, mais du bon sens. Et si, finalement, ce n'était pas là le secret du bonheur ? Ou au moins de relations familiales apaisées - ce qui joue aussi sur le bien-être...



Pour en savoir plus:

Cindy BERNARD, Psychologue

58 rue du Jusant

17230 CHARRON

Tel : 06.15.65.54.85

N° ADELI : 17 93 0261 7

N° SIRET : 517 924 205 00035

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